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| Eau Vinyl Fraise ou Bas Nylon Grésille ? Message publié par François Joufflu le 13-03-2002 (répondre) | | | le rock ???
Joué à l'aide de trois accords au moins, le rock est une musique simple, binaire et répétitive. Son raffinement consiste en une polyphonie, bruyante, voire «bruitiste», de plusieurs instruments électriques interprétant une même mélodie. En tant qu'objet social, le rock est devenu un support d'affirmation et de socialisation de la jeunesse de l'après-guerre. Depuis le premier tiers des années 1990, le rock fait partie intégrante d'une production musicale plus vaste et diffusée dans le monde entier par le biais des nouvelles technologies de communication.
Le mot «rock» tend à désigner particulièrement les musiques qui expriment la pente rebelle de l'expérience juvénile: les grandes dates qui rythment l'histoire du rock (1954, 1965-1967, 1977) sont en effet des moments où émergent des sons qui, rompant avec la routine, apparaissent comme scandaleux et s'accompagnent d'agitation dans la jeunesse.
Passé ces moments de rupture, les stratégies de l'industrie du disque – qui cherche à vendre le plus possible au plus grand nombre –, les différentes sensibilités des consommateurs et les visées des artistes font que la musique peut aller dans trois directions: rester fidèle au message du rock des origines, le faire évoluer vers les musiques savantes ou le fondre dans l'ensemble des musiques populaires.
Sommaire :
1. Les racines musicales du rock and roll (1945-1950) : La musique populaire américaine Le rhythm and blues Le country and western
2. Du rock and roll aux idoles des jeunes (1956-1962)
3. Les prémices du rock (1962-1965)
4. Rock et contre-culture (1965-1969)
5. L'éclatement des styles rock (1970-1976)
6. Disco, reggae, punk, new wave (1976-1979) : Le disco Le reggae La musique punk En France La new wave
7. De la new wave à la world music (1980-1996) : Le rap House et techno Grunge, noisy, britpop World music
1 Les racines musicales du rock and roll (1945-1950) :
Le rock and roll naît vers 1954, aux États-Unis, des apports de trois traditions musicales: la musique populaire; le rhythm and blues, ensemble des musiques produites pour le public noir; et le country and western, qui s'adresse aux habitants blancs des zones rurales du Sud et du Middle West.
La musique populaire américaine
La musique populaire américaine repose principalement sur la danse et la ballade sentimentale. Dans l'immédiat après-guerre, le swing (Glenn Miller, les Andrew Sisters) est le style de danse le plus populaire, et les crooners, successeurs de Bing Crosby, comme Frank Sinatra, Dean Martin ou Perry Como, provoquent des scènes d'hystérie. On aime aussi les novelty songs, chroniques légères des petits événements de la vie quotidienne, et les musiques d'ambiance de Guy Lombardo ou d'André Kostelanetz, qui marient la variété aux instrumentations sophistiquées inspirées de la musique classique.
Le rhythm and blues
Le dynamisme et la verdeur du rhythm and blues s'opposent au caractère familial et policé de la musique pop. On y trouve les formes commercialisées du gospel (le Golden Gate Quartet), mais surtout de petites formations de danse jouant un swing noir et sauvage – comme celles de Louis Jordan, Joe Turner, Roy Brown – ou les multiples formes du blues: blues rural, dans lequel le chanteur s'accompagne seul à la guitare; blues très proche des raffinements du jazz avec T-Bone Walker, un des premiers grands virtuoses de la guitare électrique; ou blues électrifié des chanteurs du Chicago blues (Muddy Waters, Elmore James), qui ont ajouté au blues rural des guitares électriques et une batterie.
Son de la contrebasse
Depuis le début du siècle, la musique noire est le réservoir dans lequel la musique pop puise pour renouveler ses rythmes et ses sonorités. Mais quand cette dernière adapte des morceaux qui ont d'abord connu le succès auprès du public noir, elle leur fait subir quelques transformations: les textes sont épurés de toutes les références sexuelles trop scabreuses, les rythmes frénétiques sont adoucis, et les orchestrations jugées trop simplistes (saxophone, guitare, contrebasse et batterie) sont enjolivées par des arrangements de violons.
Le country and western
Son du violon
Le country and western, qu'on appelle aussi hillbilly music, est un ensemble de réalités musicales fort diverses. Les générations les plus âgées aiment l'ol'time music, surtout développée dans les Appalaches par les immigrants d'origine anglo-saxonne, dans laquelle prédomine le violon et qui reste fidèle aux thèmes et aux orchestrations des musiques traditionnelles européennes. Les plus jeunes se tournent vers des musiciens qui développent un style de vie marginal et élaborent une musique où la guitare électrique, les emprunts au blues et l'évocation de la quête du plaisir viennent s'ajouter aux thèmes traditionnels de l'amour, de la peine et de l'honneur. Jimmy Rodgers, dans les années 1930, et Hank Williams, au début des années 1950, illustrent cette nouvelle voie.
2 Du rock and roll aux idoles des jeunes (1956-1962) :
Chaque fois qu'une musique inspirée de la tradition noire atteint la notoriété (le ragtime, le jazz puis le swing) on s'inquiète de ses effets néfastes. Ainsi, l'engouement des jeunes pour le rock and roll déclenche des mouvements de panique, et on voit dans les déhanchements d'Elvis Presley, dans la description des premiers émois adolescents par Chuck Berry ou dans les excès de Little Richard et de Jerry Lee Lewis les manifestations d'une musique décadente et d'un complot pour pervertir la jeunesse américaine.
En fait, la période de grande frénésie du rock and roll ne dure guère, car les grandes firmes s'intéressent peu à cette musique. En revanche, lorsqu'elles constatent qu'elle remporte un grand succès, elles s'interrogent et cherchent à savoir comment en faire quelque chose qui touche tous les teenagers.
En 1956, la firme RCA «rachète» Elvis Presley et le transforme complètement: après son service militaire, il abandonne le style «voyou» et enregistre des chansons qui plaisent aussi bien aux jeunes qu'à leurs parents. Les principes de Tin Pan Alley retrouvent de la vigueur; les arrangeurs reprennent le dessus dans le processus de production, et les violons viennent calmer l'énergie du rock and roll; les jeunes vedettes d'un tube, qu'on appelle «idoles des jeunes» (Ricky Nelson), et les danses (hully gully, twist, madison) se succèdent au rythme des vacances. Les radios, dont le rôle est capital dans le succès des disques, imposent le système des listes d'une quarantaine de titres (les plus populaires) qu'elles diffusent à longueur de journée afin d'éviter que les auditeurs n'abandonnent l'antenne. L'époque du rock and roll intronise le studio comme instrument de création à part entière (le modèle n'est plus la performance en public mais le disque), le poids déterminant des jeunes sur le marché de la musique et le modèle du processus par lequel toute innovation dans la musique pop se banalise.
3 Les prémices du rock (1962-1965) :
Aux États-Unis, les étudiants s'intéressent à la folk music, très liée au mouvement des droits civiques qui se développe autour de Martin Luther King et à la mobilisation contre la guerre (crise de Cuba, engagement américain au Viêt-nam): ainsi, les festivals folk sont souvent des meetings politiques. Le folk, avec le jazz, est aussi une sorte d'étendard pour ceux qui condamnent la société de consommation et le mode de vie américain: les paysans, les «gens de couleur» sont des modèles pour les beatniks, qui prônent le voyage dans l'espace américain, la découverte de l'Orient et l'expérience intérieure grâce aux drogues.
En Angleterre, la musique est également liée à l'émergence de mouvements sociaux. Ainsi le skiffle, qui est la forme britannique du folk américain, est-il associé à la protestation contre le désarmement nucléaire. Cependant ce pays est aussi touché par l'émergence des «sous-cultures», qui sont moins politiques, mais qui apparaissent comme des contestations de l'ordre social. À cette époque, en effet, s'y affrontent, sur les plages du Sud, mods et rockers. Les rockers sont les successeurs des teddy boys des années 1950, qui, vêtus de longues vestes aux revers de velours et coiffés de la «banane», semaient la terreur lors des concerts de rock and roll. Les mods préfèrent le scooter, la mode italienne et la musique américaine plus récente, surtout la soul music des groupes noirs (comme les Supremes).
4 Rock et contre-culture (1965-1969) :
L'Angleterre a pris la succession des États-Unis dans le domaine du rock: les groupes anglais font des tournées triomphales sur le continent américain. Le conservatisme de la société anglaise produit des groupes plus insolents, plus excentriques et plus violents, qui expriment mieux les frustrations et les désirs des enfants du baby-boom. Ainsi, My Generation (1965) des Who ou Satisfaction (1965) des Rolling Stones deviennent les hymnes de nombreux jeunes, tant par leurs paroles que par la violence de l'amplification et des distorsions sonores.
Le groupe le plus populaire est incontestablement les Beatles. Venus de Liverpool, ils ont connu toutes les étapes qui mènent des petits clubs des banlieues anglaises aux tournées internationales. Au même moment, aux États-Unis, c'est Bob Dylan qui joue un rôle essentiel. Son statut dans le monde folk lui donne une aura intellectuelle considérable: c'est un poète reconnu qui, lorsqu'il se «convertit» au rock avec l'album Highway 61 Revisited (1965), c'est-à-dire à une musique utilisant les ressources de l'instrumentation électrique, donne à celui-ci un statut qu'il ne possédait pas encore. Les Anglais fournissent l'insolence et l'énergie, Bob Dylan donne la poésie et le sens des grandes préoccupations sociales.
Le rock se développe dans le contexte de l'agitation estudiantine et de la mise en place de nouvelles formes de vie sociale: les hippies, qui succèdent aux beatniks, s'installent à San Francisco en 1966, créent les premières communautés rurales et se font les propagandistes de la consommation de drogues (marijuana et LSD), moyens d'accéder à des états supérieurs de conscience. Les manifestations contre la guerre et pour l'amour universel sont toujours des concerts où se produisent musiciens de rock, de jazz ou de musique indienne (Ravi Shankar). Ces concerts-meetings sont aussi des cérémonies où l'on s'initie aux drogues psychédéliques: des groupes comme Jefferson Airplane ou Grateful Dead accompagnent les participants dans leurs voyages mentaux. Se développe ainsi ce qu'on appelle acid rock, ou rock psychédélique, où se mêlent rock and roll, folk (le folk rock des Byrds), instruments indiens (sitar), portés par le recours à l'amplification et aux outils de distorsion du son (écho, pédales wah wah et fuzz), dont Jimi Hendrix se fait le spécialiste. Si toutes les musiques ne sont pas des musiques contestataires, elles ont toutes pour vocation la modification des consciences. Ainsi, les Beach Boys, qui ne produisent qu'enfermés dans leur studio, créent des musiques qui expriment la recherche de nouveaux états (Good Vibrations, 1966).
Au-delà des différences de styles, tous les musiciens semblent participer d'un même mouvement musical. Au début des années 1970, aux États-Unis, apparaît un nouveau genre qui emprunte au jazz, au blues et à la musique contemporaine (Frank Zappa, Captain Beefheart), de même qu'en Angleterre (Soft Machine, Pink Floyd, Genesis ou, pour les références à la musique classique, Procol Harum): on parlera de progressive rock pour désigner la vague anglaise. Et presque tous les musiciens s'engagent dans l'escalade des décibels (les Who, Cream).
Les festivals sont un autre symbole de cette union entre musique et mouvements culturels. Le fait de réunir pendant plusieurs jours des individus pour écouter de la musique était une pratique courante dans le monde du jazz et du folk. Le mouvement hippie la reprend dans ses manifestations pour l'amour universel, pour que soit réunie la communauté de tous ceux qui se veulent en marge de la société. Le phénomène prend une dimension supplémentaire à partir du festival de Monterey (1967). Pour la première fois, les maisons de disques organisent un festival, mettant ainsi à l'affiche quelques-uns des plus grands noms du moment: Otis Redding, les Who, Jimi Hendrix. Mais l'événement principal de cette époque est bien sûr le festival de Woodstock, qui réunit, en août 1969, pendant trois jours, près de 400 000 personnes pour célébrer l'amour, la paix, la musique.
En cette fin des années 1960, le rock apparaît comme le symbole de tous les mouvements de révolte, parce qu'il s'adresse à tous les jeunes, parce qu'il utilise le langage du corps et des sensations qui dépassent les frontières de langue et parce qu'il intègre toutes les musiques du monde.
Pourtant, l'année 1969 est aussi celle de la désillusion. Quelques mois après Woodstock, en décembre, les Rolling Stones organisent un grand concert à Altamont, près de San Francisco. Mais la ville n'est plus ce qu'elle était : les hippies se marginalisent de plus en plus, les drogues dures et le LSD ont pris le pas. Le concert tourne au cauchemar : bagarres incessantes, «mauvaises vibrations» et, finalement, meurtre d'un spectateur par le service d'ordre composé de Hell's Angels.
5 L'éclatement des styles rock (1970-1976) :
À ce stade, le message de révolte et de libération n'est plus interprété de la même manière par tout le monde: le mode de vie du diplômé qui a choisi de vivre dans une communauté rurale n'est pas le même que celui de qui a pour seule perspective le travail à l'usine; et quand les groupes de Californie chantaient la nature et les drogues, les groupes de New York chantaient la décadence urbaine et l'héroïne.
D'autant plus que l'industrie du disque, dans un souci de rationalisation, va chercher à cibler les publics en s'appuyant sur les différences de race, de sexe, d'âge, d'appartenance sociale et/ou régionale, de niveau culturel.
Ainsi, le hard rock (Led Zeppelin, Deep Purple), forme musicale qui s'appuie sur l'amplification des sons, la virtuosité technique et le goût pour tout ce qui magnifie la virilité, tend à devenir l'apanage des enfants mâles des banlieues blanches ou des campagnes du Middle West; le jazz-rock (John McLaughlin) ou le rock FM (Steely Dan, Fleetwood Mac), musiques complexes à la production soignée, sont très appréciés par des jeunes adultes diplômés; le country-rock, musique des grands espaces américains (Eagles), ou la musique planante (Pink Floyd, Tangerine Dream), influencée par la musique répétitive, s'adressent à ceux qui vivent en marge de la société; l'art-rock (Genesis, Yes), qui mêle théâtre et musique classique aux rythmes rock, atteint surtout des couches sociales qui ont des visées culturelles; le rock décadent (Lou Reed, David Bowie, Roxy Music), qui joue avec les travestissements, les identités sexuelles et tous les styles musicaux en vogue, répond au goût de la provocation des jeunes désabusés et à la sensibilité des déçus de la contre-culture.
Mais il y a des points communs dans cette diversité: le public se retrouve face à des stars. La musique est de plus en plus complexe, de plus en plus coûteuse à produire, car elle utilise toutes les subtilités du studio (on travaille couramment avec 16 puis 32 pistes) et les ressorts de la mise en scène (éclairages, amplification); si elle est mieux jouée, elle manque d'énergie et, souvent, d'insolence.
Cette situation provoque le mécontentement des plus jeunes consommateurs, qui préfèrent alors écouter la musique de leurs aînés et les morceaux destinés aux plus révoltés d'entre eux, parce qu'ils pensent qu'on oublie les vraies valeurs du rock.
6 Disco, reggae, punk, new wave (1976-1979) :
À la différence du rock, plutôt «blanc», qui prônait volontiers la révolte contre la société et la vie en marge, la soul music exprimait deux aspirations des Noirs américains: l'affirmation d'une identité noire et la volonté de réussir leur intégration dans la société.
Le disco
Ainsi, les interprètes et groupes de la grande maison de disques Tamla Motown (Marvin Gaye, Stevie Wonder, Temptations), qui recourent à des arrangements musicaux et des mises en scène très sophistiqués, utilisent des thèmes traditionnels de la musique noire (l'honneur personnel, la fidélité amoureuse) pour se faire les porte-parole de l'ascension sociale des couches moyennes du ghetto. Mais ces aspirations ne sont pas seulement celles des jeunes Noirs; on les retrouve partout chez ceux, adolescents ou jeunes adultes, qui veulent profiter pendant leur loisir de l'argent qu'ils ont gagné pendant la semaine. C'est ainsi qu'est né, vers 1972, le philly sound, ancêtre du disco – la musique de discothèque – composée spécialement pour la danse.
Le disco est un phénomène international, car il est aussi le fait de producteurs allemands, français ou italiens, qui, utilisant les ressources de l'informatique musicale (synthétiseurs notamment), créent sur mesure des tubes directement adaptés aux demandes des «consommateurs» de discothèques.
Le reggae
C'est dans une autre culture afro-américaine, celle de la Jamaïque, que se développe le reggae. À la fin des années 1950, son ancêtre le ska mélange influences caraïbes (calypso, mento) et américaines (rhythm and blues, doo wop, jazz). Le rythme est rapide, et la majorité des instruments (cuivres, contrebasse) sont acoustiques. Dès le milieu des années 1960, les instruments électriques sont adoptés tandis que le rythme ralentit considérablement. Contretemps, basse prédominante, le rock steady ou blue beat, représenté par des artistes (Desmond Dekker, Prince Buster, Jimmy Cliff) qui rencontrent un très grand succès en Angleterre, pose les bases du reggae qui apparaît dès le début des années 1970 et atteint une notoriété internationale, avec Bob Marley notamment. Cette musique exprime la philosophie des rastas, prône le retour en Afrique et la découverte de Dieu dans la fumée de la ganja. Elle rencontre, en Europe, les attentes des jeunes immigrés antillais, africains ou maghrébins et celles des jeunes Blancs à la recherche d'un nouveau style de vie marginal. Le reggae a eu une influence non négligeable sur le mouvement punk, alors qu'il se transformait une nouvelle fois. Durant la seconde moitié des années 1970, le dub, un reggae instrumental truffé d'effets sonores électroniques, dont la basse est le squelette harmonique, lanscinant, répétitif et expérimental, se distingue radicalement du reggae classique. Les musiciens (Lee Scratch Perry, King Tubby) sont pour la plupart producteurs; ils enregistrent leurs disques eux-mêmes, et dans leur propre studio. Au début des années 1980, des disc jockeys improvisent des paroles avec un débit proche du rap sur des disques de dub. Ce style, dit dance hall, évoluera vers le raggamuffin actuel, qui marie rap et reggae.
La musique punk
En 1975-1976 surgissent de nombreux groupes anglais aux sons, aux noms et aux comportements agressifs : les Sex Pistols, les Clash, les Damned chantent l'anarchie, la haine des hippies et de la police, déclarent qu'il n'y a pas d'avenir. Ils ont les cheveux courts, hirsutes, des tenues déchirées et portent tous les insignes susceptibles de provoquer les gens. Comme le disco, le punk est une musique qui veut rompre avec le rock tel qu'il se pratique et s'écoute vers la fin des années 1970. Mais, alors que les amateurs de disco mettent en scène l'intégration sociale, les punks veulent retrouver le sens de la révolte. Ils dénoncent la trahison de leurs propres idéaux par les hippies, qui se sont intégrés et ont monopolisé la musique.
Dans une Angleterre durement frappée par le chômage et la déchirure du tissu social, les jeunes sont moins optimistes que leurs aînés. Les jeunes ouvriers ou employés préfèrent le disco – qui correspond à leurs aspirations d'intégration et à leur rythme de vie – ou adhèrent à des sous-cultures ancrées à la fois dans le style de vie de la classe ouvrière (le goût de la bagarre, par exemple) et dans des modèles musicaux qui leur paraissent plus authentiques (rockabilly, skinheads, ska).
En France
En France, le rock a longtemps été le fait de groupes épars, éphémères imitations des groupes anglo-saxons. De la première vague au début des années 1960 (Chaussettes noires, Chats sauvages...) à la charnière des années 1969-1972 (Ange, Triangle, Martin Circus, Variations...), seul Magma, en croisant rock, jazz, classique et même folklore européen, propose une musique profondément originale.
Comme dans beaucoup de pays, la vague punk entraîne la formation d'une myriade de groupes dans toute la France (Dogs, Métal Urbain, Little Bob Story). Très peu atteindront pourtant une véritable renommée. Paradoxalement, c'est le moins punk d'entre eux, Téléphone, sorte d'adaptation française des Rolling Stones, qui tire son épingle du jeu et devient le symbole d'un rock à la française à la fin de la décennie. Mais le véritable auteur, comme on dit au cinéma, celui qui crée un langage original adapté aux rythmes rock, c'est Alain Bashung, qui d'ailleurs traverse les modes et les années.
Les années 1980 voient les groupes français retrouver des racines dans la chanson réaliste adaptée aux rythmes modernes, funk et new wave pour les Rita Mitsouko, world music pour les Négresses Vertes. C'est ensuite le rap qui fédère le plus visiblement les énergies et la création.
La new wave
La new wave est cette nébuleuse où se mêlent l'esprit anarchiste du punk, la redécouverte des anciennes musiques (les revivals), les rythmes du reggae, l'utilisation de plus en plus fréquente du synthétiseur et des boîtes à rythmes et l'amour de la danse. En Grande-Bretagne, le groupe Police est le meilleur représentant de l'adaptation du reggae, les Specials du ska, les Jam du revival mod, Elvis Costello de la chronique sociale, Throbbing Gristle de l'underground «industriel», Spandau Ballet des néoromantiques, et Joy Division de l'exploration des affres du désespoir adolescent inspirant la cold wave (les Cure, Magazine) et le rock «gothique» (Bauhaus, Siouxsie and the Banshees, les Sisters of Mercy). Aux États-Unis, New York est pratiquement la seule ville à faire bon accueil à ces nouvelles sensibilités: Ramones, Talking Heads, Suicide, Blondie, Pere Ubu et Patti Smith en sont les principaux protagonistes.
7 De la new wave à la world music (1980-1996) :
Mais rapidement, l'esprit «rebelle» du punk-rock et de la new wave doit s'accomoder du réalisme commercial des maisons de disques, qui ne tardent pas à voir en ces «produits» autant de poules aux œufs d'or.
Son de la guitare basse électrique
Musicalement, le rock demeure fidèle à la formule comprenant guitare (une ou deux), basse, batterie et limite l'apport des instruments électroniques (Gun Club ou Pixies). Il garde l'attrait de la musique jouée par un groupe devant son public, par opposition aux musiques conçues pour la danse. La new wave britannique a ainsi éclaté entre ceux qui ont choisi l'équilibre entre nouvelle lutherie et instrumentation traditionnelle (comme The Cure ou Simple Minds) et ceux qui ont choisi le «tout-électronique» (techno-pop de Depeche Mode), orienté principalement vers la danse.
Le rap
Le rap, au début des années 1980, marque le retour de la conscience sociale dans la musique de rythme. C'est la musique des jeunes Noirs des ghettos américains. Un style fondé sur trois éléments principaux : rythme simple et répétitif qui parle au corps, improvisation vocale et emprunts-hommages à l'histoire de la musique noire américaine : blues, rhythm and blues, soul, funk, et même jazz. Les échantillons, ou samples, courtes séquences empruntées aux disques de James Brown ou d'Otis Redding, parsèment les disques des rappeurs qui, dans les années 1980, se divisent en deux grandes tendances : l'incitation à la révolte, voire à l'insurrection du peuple noir (Public Enemy), et l'appel à l'éducation des jeunes (KRS-One).
Dans les années 1990 apparaît un autre mouvement, le gangsta rap (Snoop Doggy Dogg), venu essentiellement de la côte ouest, aux paroles très violentes, et au style inspiré par la musique funk des années 1970, qui défie régulièrement la chronique des faits divers et dont les protagonistes sont des habitués des tribunaux. En France, où le rap est un genre très vivant, deux groupes sortent du lot : NTM et I AM.
House et techno
La house est un mélange de musique noire et de sons blancs, produits par les machines : boîtes à rythmes, synthétiseurs, échantillonneurs... C'est un genre qui se passe de musicien, au sens traditionnel du terme, ignore la notion de groupe, voire celle de morceau. Son nom tient d'ailleurs au fait qu'elle peut se faire «à la maison». Les grandes figures n'en sont plus des musiciens mais des disc-jockeys, comme Frankie Knuckles aux États-Unis ou Laurent Garnier en France. En un sens, c'est l'aboutissement des expériences du groupe allemand Kraftwerk dans les années 1970. La house est une musique exclusivement faite pour la danse, la musique des raves, ces rassemblements de milliers de personnes venues chercher une sorte de transe dans des rythmes rapides et répétitifs écoutés des nuits entières. Au fil des ans, plusieurs sous-tendances sont apparues : garage, jungle, dance...
Comme la house, la techno est le produit de machines. Lancée aux États-Unis dans les années 1980 comme une pure musique de danse et une version synthétique du disco, elle s'est diversifiée dans la décennie suivante en diverses tendances allant de la musique d'ambiance à des styles très violents : ambiant (John Beltham), dub (Dread Zone), hard-core, industrielle (Front 242), pop (Chemical Brothers), blues électronique (Moby)...
Grunge, noisy, britpop
Si le rap est la musique de la jeunesse noire américaine, le grunge («sale»), à la fin des années 1980, est celle de la jeunesse blanche. La musique des enfants des hippies, enfants d'un rêve qui a mal tourné. Le grunge est une musique faite par de jeunes musiciens qui ont grandi avec le rock de leurs parents, le hard-rock de leurs grands frères, et le punk. L'ensemble de ces influences aboutit à un style fait de guitares lourdes et saturées, de nombreuses cassures de rythmes, comme pour figurer les affres adolescentes, et de paroles sombres quand elles ne sont pas désespérées. Mais les morceaux ont aussi quelque chose d'immédiat. Certains deviennent même des hymnes, comme ceux du groupe américain Nirvana, leader du mouvement qui compte également Alice in Chains, Soundgarden, groupes provenant pour la plupart de Seattle.
Apparue plus tôt dans la décennie, la tendance noisy peut être considérée comme le pendant intellectuel des musiques bruitistes. Pour deux raisons : une théorisation des expériences musicales autour du bruit, et des influences qui incluent le Velvet Underground, des groupes allemands des années 1970 (Can, Faust), la musique contemporaine, et certaines musiques ethniques. Sonic Youth, aux États-Unis, est la figure de proue de ce mouvement. My Bloody Valentine et Loop en Angleterre, dans un genre plus atmosphérique, plus répétitif et plus mélodique, poursuivent une démarche semblable.
Mais, à l'arrivée des années 1990, l'Angleterre redécouvre surtout ses vieux disques des Beatles, des Kinks et de David Bowie. Avec la «britpop», pop britannique, elle retrouve une suprématie mise à mal par les États-Unis pendant la vague grunge. Oasis est la figure la plus en vue de ce mouvement mais les réalisations les plus intéressantes sont probablement dues aux groupes Blur et Suede.
World music
À bien des égards, le mot «rock» apparaît insuffisant pour exprimer l'internationalisation de la musique. Car, pour renouveler les sonorités, on fait appel aux musiques du monde entier, traditionnelles ou modernisées. C'est pourquoi on utilise de plus en plus un nouveau terme, world music, censé mieux rendre compte de la diversité du paysage musical contemporain et exprimer les valeurs du monde métissé dans lequel nous vivons. Comme les grandes villes occidentales, où cohabitent de multiples nationalités qui importent leurs musiques, les studios d'enregistrement sont des lieux de contact entre musiciens d'Afrique, d'Europe et d'Amérique, permettant des mélanges musicaux spontanés ou volontaires. On connaît les musiciens africains comme Fela Anikulapo Kuti, Youssou N'Dour ou le Sud-Africain Johnny Clegg. Dans la même veine «world», il faut ajouter les Américains de Talking Heads ou les Anglais Brian Eno et Peter Gabriel, qui font depuis longtemps des disques où se mêlent rock, salsa, musiques traditionnelles africaines ou sud-américaines. Ces musiciens, et d'autres (comme Sting ou Bob Geldof), se font les porte-parole de causes comme la défense de la forêt amazonienne, la lutte contre la famine en Éthiopie (Band Aid, 1986) ou la défense des droits de l'Homme et la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud (Wembley, 1988). La world music renoue ainsi avec la tradition protestataire du rock des années 1960 tout en perdant sa spécificité strictement anglo-saxonne.
t'es arrivé jusque là !
Bravo mon ptit gars t'es un vrai amoureux du Rock ! |
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| Re: Eau Vinyl Fraise ou Bas Nylon Grésille ? Message publié par Aloisio le 14-03-2002 (répondre) | | | Moi etre aussi fan de the cure ,depeche mode ,placebo,u2, telephone ,cranberries ,stereophonics,dolly,daisy,daho,rem,oasis,garbage!!!
ALOISIO multi plateformes |
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| ancien d'Indochine et de 39-45 Message publié par Général Aschier le 14-03-2002 (répondre) | | | Aloisio et Yoko ! attention à eux deux pour la paix et la modération ! le premier est un gardien de la paix, le second est un modérateur de WT !!!!
à les lire, je ne peux m'empêcher à penser qu'Aloisio serait mieux en concierge qu'en gardien, quand à Yokozuna il serait mieux en provocateur qu'en modérateur.
bien que n'étant pas chargé des critères de sélections et de recrutement ni par la police nationale, ni par WT ... je m'interroge, quand à l'exemplarité dont malheureusement il ne font aucunement preuve.
2 précisions.
petite précision à l'attention de Yokozuna,
"Révisionnisme: n. masc Position de ceux qui nient les atrocités commises dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, notammment l’existence et le fonctionnement des chambres à gaz."
je n'ai rien remarqué dans les propos passés d'Aloisio qui puisse s'apparenter de près ou de loin à tes propos péremptoires et accusations de révisionnisme.
petite précision à l'attention d'Aloisio,
concernant les soldats allemands et l'amalgame que tu fais en y associant Schindler. si effectivement certains soldats allemands ont fait preuve d'humanité parfois, très rares étaient ceux qui ont combattu le nazisme. tu ferais bien de lire "La révolte du caporal Asch" de Hellmut Kirst aux Éditions Robert Laffont, édité en 1955 mais on le trouve facilement, car mieux qu’aucun document, cette célèbre chronique révèle ce qu’était l’armée allemande en 1939.
08/15 est le chiffre qui désigne le fusil-mitrailleur allemand. c’est aussi le symbole de l’esprit militaire prussien qui règne dans les casernes où @!#$ forge l’instrument de ses conquêtes. une discipline de fer et de savantes vexations doivent y transformer les jeunes recrues en combattants d’élite. rares sont ceux qui résistent à ces méthodes. parmi eux, le caporal Asch qui combat la bêtise et l’injustice avec les seules armes dont il dispose : l’intelligence et l’ironie. mais sous le rire perce l’indignation et, déjà, la révolte.
pour conclure, à tous les deux, mettez vos certitudes à la poubelle, mais surtout mettez de l'eau dans votre vin ... pour pouvoir trinquer à la paix entre les êtres humains de notre planète.
et moins de tarot pour un peu plus de lecture ! |
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| Re: ancien d'Indochine et de 39-45 Message publié par L'Instit. le 14-03-2002 (répondre) | | | Yoko, j'exècre aussi les na zis, le pétainsime, la guerre, etc, etc...
Mais un peu naïf yoko non ? de cracher sur les militaires, les flics et tant qu'on y est sur les instits après tout, pourquoi pas. Laissez vivre les gens sans police, en toute liberté, c'est ça. Vi mais malheureusement dans ces cas-là ça tourne au boxon, à la loi du plus fort, aux gangs, etc...etc... Si c'est ça ton idéal !
Accuser ceux qui souhaitent davantage d'ordre et de respect des règles de "fachos", c'est pas nouveau ! Aloisio doit entendre ça chaque fois qu'il chope un criminel ou un délinquant !
Fumer une cigarette qui fait plâner bonumeur ? pas possible, il a tout fini. hi hi, faudra attendre la prochaine saisie record. ;o)
PEACE AND LOVE PROTECTED BYE THE POLICEMEN . |
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