Thucydide, un taroteur antique |
La guerre du Péloponnèse se déroula entre les deux grandes cités de la Grèce, de 481 à 404 av. J.-C., lutte inévitable, par suite de la rivalité de Sparte et d'Athènes. L'intervention d'Athènes dans le démêlé de Corcyre et de Corinthe, les querelles de Platées et de Thèbes ne furent que les prétextes. Athènes, à l'apogée de sa puissance venait d'imposer aux Perses la paix de Cimon, qui affranchissait les cités grecques de la côte d'Asie, de s'assurer sur cette côte un vaste empire maritime. Autour de Sparte se groupèrent en général les peuples continentaux, les aristocraties, l'élément dorien; à Athènes se rattachèrent les îles et les villes maritimes, les démocraties, l'élément ionien.
La première période (431 à 421) est remplie par les ravages annuels des Spartiates dans l'Attique et par les incursions des flottes athéniennes sur les côtes du Péloponnèse. Des succès et des revers balancés amenèrent la trêve dite "paix de Nicias" (421), bientôt rompue.
Le seconde période (416 à 418) est signalée par la malheureuse expédition des Athéniens en Sicile. La guerre recommença en 412 sur les côtes d'Asie. Les Athéniens remportèrent devant Milet une victoire navale éclatante. Mais bientôt Athènes, abandonnée par ses alliés, fut déchirée par des troubles intérieurs et, malgré les succès d'Abydos et de Cyzique (408), remportés par Alcibiade, malgré la défaite des Spartiates aux îles Arginuses, la fortune l'abandonna.
Lysandre, général de Spartes soutenu par l'or des Perses, après avoir pris et dévasté Lampsaque, remporta la décisive victoire navale d'Ægos-Potamos (405). Il alla ensuite attaquer Athènes épuisée; il en fit raser les murailles et brûler les vaisseaux, détruisit le gouvernement populaire et établit les Trente tyrans. Sur toute la Grèce s'étendit l'impitoyable domination de Spartes.
L'histoire de la guerre du Péloponnèse fut composée vers la fin du V siècle av. J.C. par Thucydide qui mourut vers 395 avant d'avoir terminé son uvre. Le récit s'arrête en 411. Dans une préface, l'auteur montre l'importance de son sujet et expose sa méthode, puis étudie les causes accidentelles et profondes de la lutte. Il suit les événements d'année en année, de saison en saison. L'uvre de Thucydide, exacte, précise, philosophique, comporte d'admirables tableaux comme dans le discours de Périclès, où il peint la grandeur d'Athènes; dans la description de la peste, dans le dramatique récit de l'expédition de Sicile, etc.
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